Marcel Reine est né le 1er décembre 1901 à Aubervilliers (Seine). Après avoir passé avec succès son brevet militaire n° 18866 au Centre d’Instruction d’Avord le 21 février 1921, ilobtient son brevet civil n°18251 le 9 mars suivant à l’école de pilotage de Morane Saulnier.
Il avait rejoint le 9 avril, la 8 ème escadrille du 32 ème régiment d’Aviation puis l’école de chasse d’Avord. C’est à cette occasion qu’il rencontre pour la première fois Antoine de Saint-Exupéry dont il sera occasionnellement l’instructeur à ses débuts. Il est libéré de sesobligations militaires le 29 mai 1923. En 924, il est employé à Montrouge et son statut de réserviste lui permet d’aller voler une heure par mois à Orly.
Il entre aux Lignes Aériennes Latécoère le 30 décembre 1924 et reçoit le brevet du transport public n°0842 le 31 décembre. Il y rencontre d’abord Jean Mermoz puis les années suivantes, Henri Guilllaumet, Antoine de Saint Exupéry nouvellement embauchés sur la Ligne. Après la classique période d’apprentissage aux ateliers en compagnie des mécaniciens, il est dans les premiers temps affecté sur le tronçon Toulouse-Casablanca puis Casablanca-Dakar. Le 21 décembre 1925, Marcel Reine est une première fois fait prisonnier avec son interprète par les tribus nomades alors qu’il avait décollé d’Agadir une heure et demie auparavant mais son moteur en feu, il dut poser son Breguet XIV en plein désert sur un terrain irrégulier et faucha son train d’atterrrissage. Aussitôt entourés de rebelles qui pillèrent l’avion et blessèrent l’interprète au couteau, il est emmené et roué de coups. Il ne recouvre la liberté qu’au bout de 4 jours contre une rançon de 4500 Fr. Il est une nouvelle fois prisonnier le 17 octobre
1926 avec le pilote Georges Pivot avec qui il avait eu droit à quelques remontrances de la part de Didier Daurat pour « fantaisie en vol et excentricité nocturne » à Casablanca au mois
d’avril précédent.
Le 5 mars 1927 il participe au sauvetage de l’équipage de l’hydravion uruguayen, composé du pilote Taddeo Larre-Borges, Glauco Larre-Borges (radio) Ibarra (navigateur) et Rigoli (mécanicien). Ils étaient portés disparus depuis le 2 mars alors qu’ils volaient en direction des Iles Canaries. Les avions des Lignes Latécoère effectuant des vols réguliers le long de la côte Atlantique du Maroc au Sénégal, finissent par repérer l’épave de l’hydravion à 100 km au Nord de Cap Juby. L’équipage est captif des Maures. La rançon pour leur libération qui s’élevait à 5 000 pesetas sera apportée par Marcel Reine et Léon Antoine qui enlèveront les captifs au prix d’un sauvetage épique auxquels les uruguayens seront reconnaissants pour toujours. Mais le plus dur restait à venir.
Le 30 juin 1928, alors qu’il volait aux commandes d’un Laté 26, accompagné de l’ingénieur Edouard Serre et de leur interprète Abdallah, son avion est pris dans la brume et heurte le sol arrachant le train d’atterrissage et l’obligeant à se poser à proximité du Cap Bojador en territoire insoumis. Ils décident de rejoindre à pied Villa Cisneros, l’aéroplace le plus proche. Capturés par une tribu de Maures, ils sont emmenés à travers le désert de campement en campement dans des conditions particulièrement difficiles. Les recherches organisées par Antoine de Saint-Exupéry alors Chef d’aéroplace de Cap Juby, ne donnent rien avant cette demande de rançon exigée par les ravisseurs, à savoir un million de fusils en échange de leur ibération.
Après négociations, Saint Exupéry réussit à un accord : 20 fusils 6000 cartouches et une grosse somme d’argent. Après 117 jours de captivité, le calvaire des trois hommes prend fin le 24 Octobre 1928.
Marcel Reine est affecté en 1929 en Amérique du Sud au fur et à mesurede l’avancement des lignes. Il assure d’abord les services sur le tronçon Buenos Aires-Asuncion, puis vers Rio de Janeiro, et enfin Santiago du Chili où à la manière de Guillaumet, il effectue de nombreux passages sur la Cordillère des Andes.
Il est également spécialiste des vols de nuit et participe entre le 11 et le 15 mai 1930 au premier courrier 100% aérien entre Toulouse et Santiago du Chili.
Le 21 novembre 1937, il effectue en tant que copilote de Paul Codos, le radio Léopold Gimié et le mécanicien Vauthier, un raid aller-retour Paris-Santiago du Chili en parcourant plus de 25 000 km à bord d’un avion Farman quadrimoteur F.223.O1 immatriculé F-APUZ et baptisé « Chef Pilote Laurent Guerrero » en souvenir de ce pilote de 35 ans, disparu au mois d’octobre précédent dans la Région d’Agadir, lors d’un convoyage de courrier vers Natal aux commandes du Dewoitine D.333 « Antarès ».
Le 2 juillet 1940, moins d’un mois après l’armistice, il fait partie du dernier équipage d’Air-France à effectuer la liaison postale sur l’Atlantique-Sud. Le 27 novembre 1940, en tant que second pilote de Guillaumet, il décolle de Marignane à bord du Farman 223-4 F- AROA aux couleurs d’Air-France et baptisé « le Verrier » avec le radio Jean Le Duff, les mécaniciens Franques et Montaubin. Leur mission est de transporter le haut-commissaire de la France au Levant Jean Chiappe accompagné d’un second passager, le Capitaine Nicolas. Obéissant aux ordres et respectant le trajet soumis par l’armistice italien, l’avion est pris à partie par des chasseurs italiens et abattus au large de la Sardaigne. Abattu par erreur ? L’histoire ne le dit pas.
« Titi parisien, toujours prêt à Dieu sait quelles galéjades, vivant sur une réputation de gavroche et utilisant à tout propos son expression favorite « bande de vaches », il a mené une longue carrière dans la compagnie malgré certains avatars qui marquent une vie. Didier Daurat ajoute qu’il était la sûreté même. Il sacrifiait à sa réputation de gavroche et je me souviens de l’avoir vu entrer dans un dancing élégant de Casablanca à cheval sur l’animal qui tirait son fiacre ».
Il comptait 9100 heures de vols, 1 500 000 kilomètres parcourus sur les lignes commerciales et 81 traversées de l’Atlantique Sud. Il était un pilote doué d’une haute valeur morale et de qualités professionnelles hors pair.
Il a été promu chevalier de la Légion d’Honneur le 9 août 1927, officier de la Légion d’Honneur le 5 août 1934 et cité à l’ordre de la Nation.







