L’hydravion Laté 300 a été conçu par Marcel Moine et construit en un seul exemplaire pour le transport du courrier sur la ligne Atlantique Sud, via Dakar et Natal.
Cet énorme appareil de 44,20 m d’envergure présente une voilure de 260m2 une structure métallique entoilée, un fuselage long de 25,8m, entièrement construit en alliage léger y compris le revêtement, une coque de 3,5m de large stabilisée par deux nageoires latérales. Equipé de quatre moteurs Hispano-Suiza de 650 cv, le prototype F-AKCU est victime, lors de son premier vol (pilote Gonord, mécanicien Vergès) le 17 décembre 1931, sur l’étang de Biscarrosse, d’un défaut de centrage, l’appareil plongea à pic entraînant une rupture du fuselage.
Renfloué et reconstruit, il reprend ses vols le 7 septembre 1932 et achève ses essais en juillet 1933 ; son certificat de navigabilité lui est accordé le 9 août avec pour immatriculation F-AKGF.
Pris en main par l’équipage commandé par Bonnot (Jean-Pierre, Gauthier, Emont et Duruthy), le 31 décembre 1933, il s’envole de l’étang de Berre pour se poser 23h30mn plus tard à Saint-Louis du Sénégal après avoir franchi la distance de 3897 km sans escale.
Le 3 janvier 1934, le commandant Bonnot et son équipage s’envole sur leur appareil, baptisé « Croix du Sud », pour la première traversée de l’Atlantique Sud ; ils se posent le lendemain à Natal ayant franchi les 3200 km d’océan en 18h50, à la vitesse moyenne de 168 km/h.
La Marine nationale expérimente le Laté 300 et le ministre de l’Air, le général Denain commande à la SIDAL trois hydravions version civile, le 301 et trois hydravions version militaire le 302.
Le laté 300 effectue deux autres traversées Dakar-Natal-Dakar en 1934.
L’année 1935 s’annonce comme l’année des hydravions transatlantiques ; le Croix du Sud effectue Six traversées complètes dont les cinq dernières aux mains des équipages Air France (Guillaumet, Ponce, Rouchon ou Pichodou).
Les deux premiers Laté 301 s’envolent pour la première fois de Biscarrosse ; le F-AOIK « ville de Buenos Aires » le 23 août et le F-AOIL « ville de Rio de Janeiro » le 30 décembre, le 18 janvier 1936 le F-AOIM « ville de Santiago » décolle à son tour. Selon l’objectif d’Air France, les courriers 100% aériens doivent se succéder à un rythme hebdomadaire. Le 10 février 1936, cinq heures après avoir décollé de Natal, le radio du « ville de Buenos Aires » envoie à Dakar le message « Visibilité mauvaise, volons à 150 m d’altitude » ; nul ne se doute qu’on ne reverra plus l’hydravion.
Des modifications sont réalisées sur les deux Laté 301, mais des ennuis mécaniques se manifestent sporadiquement sur les moteurs. Le 7 décembre 1936, tôt le matin, Mermoz effectue les points fixes avant l’envol du Laté 300 « Croix du Sud », les moteurs sont parfaits, mais deux heures plus tard l’hydravion revient à l’hydrobase pour un incident d’hélice ; après réparation, Mermoz repart, à 6h53
il décolle pour sa vingt-cinquième traversée. « Coupons moteur arrière droit… » dernier message lancé à 10h43 par le radio Cruvelhier. Aucune épave ne sera retrouvée, Mermoz, Ezan, Cruvelhier et Lavidalie s’en sont allés vers le paradis des pilotes perdus !







