Jean René Lefebvre, dit « Le Gros », est né à Vigneulles-lès-Hattonchatel (Meuse) le 30 mai 1903. Il a effectué son service militaire dans l’aviation en 1921 comme maître ouvrier mécanicien.

Le 28 décembre 1924, il entre aux Lignes Latécoère sur recommandations de son chef : Jean Moraglia. Le 20 mai 1925, il part pour Casablanca puis est affecté à Villa Cisneros où il revient du 2 septembre 1926 à novembre 1927 après être allé à Cap Juby du 3 juin 1925 au 2 mai 1926.

Promu mécanicien navigant le 2 mars 1928, il est basé à Port Etienne puis affecté en Amérique du Sud le 10 novembre 1928. Il est alors basé à Victoria comme chef d’aéroplace. 

En 1929, il crée l’aéroplace de Mendoza en vue de la traversée de Andes entre Buenos Aires et Santiago du Chili. Il participe aux recherches effectuées en juin 1930 pour retrouver Henri Guillaumet accidenté à la laguna de Diamante. 

« Au bout de cinq jours, alors que les recherches allaient être abandonnées, je reçus un coup de téléphone m’informant qu’une bergère avait retrouvé Guillaumet à bout de forces et qu’elle l’avait hébergé dans sa cabane. J’informais Saint-Exupéry et Deley de la bonne nouvelle qui paraissait incroyable. Aussitôt Saint-Exupéry, Abry et moi-même décollâmes vers San Carlos où suivant les dires de la police, Guillaumet se dirigeait ». (paru dans l’Est Républicain le 13 Janvier 1976)

En 1933, il doit quitter Mendoza pour Bahia au Brésil. L’aviation changeait de visage. Certes, les défricheurs comme lui et la traversée de l’Atlantique par Mermoz, Dabry et Gimié le 12 mai 1930 ont tracé la plus difficile des liaisons aériennes régulières de Toulouse à Santiago du Chili mais dans le même temps de nombreuses lignes vers des destinations les plus diverses ont vu le jour.

Suite à l’arrêt brutal de l’aéropostale, une loi du 14 avril 1933 a réuni les cinq compagnies privées les plus importantes en une seule société dont l’Etat prendrait 80 pour cent des parts : la compagnie Air France avec l’hippocampe pour emblème. 

Une autre aventure débute pour Jean René Lefebvre de 1934 à 1939 où il lui fallut souvent réparer les avions sans tenir compte des règlements qui évoluaient moins vite que les perfectionnements des appareils. 

1939, nouvelle mutation pour Rio de Janeiro. Il apprend par la radio la déclaration de guerre le 2 septembre 1939 mais il est trop âgé pour être mobilisé. En février 1940 il est rejoint par l’ingénieur Couzinet chargé par le Président du conseil de l’époque Paul Reynaud, d’envisager au Brésil la construction d’avions de bombardement. Dès la fin de 1941, il fait partie du comité de la France libre et dans les premiers mois de 1942, il demande de rejoindre les Forces Françaises mais un faux télégramme envoyé sans doute par des français pétainistes l’empêche de les rejoindre. Il finit par embarquer sur un navire à destination de Brazzaville où se trouvait le Général de Gaulle.

Ayant fait le choix de travailler sur les avions américains, il est affecté à la base de Natal où ils faisaient transiter leurs avions vers les théâtres des opérations, en Syrie notamment par Kartoun et Accra. En tant que français, les américains l’envoient ensuite à Damas en Syrie ou une unité d’avions militaires français était stationnée aux côtés des alliés.

Il réintègre l’armée française de 1943 à 1945 dans l’escadrille d’Artois où il effectuera de nombreux dépannages complexes dans les meilleures conditions possibles, compte tenu du nombre de moteurs différents à cette époque. L’ensemble de la formation avait pris le nom de Lignes aériennes militaires françaises où Jean René Lefebvre nommé mécanicien chef de la base était totalement indépendant.

Il quitte l’Armée en mars 1945 avec le grade de lieutenant. Démobilisé, il rentre à Paris en costume civil pour rejoindre sa femme et sa fille puis retourne au Brésil en 1946 avec le titre de chef d’escale à Rio. L’aventure est achevée…mais elle laisse place désormais à 15 années de « service quotidien » au sein de l’aviation civile. Il quitte la compagnie en 1961 pour une retraite bien méritée et s’installe à Antibes. Il transforme très vite son garage en atelier pour fabriquer des avions en modèle réduit et profite de ses dernières années pour revoir les anciens survivants de ces années héroïques.

Didier Daurat va lui remettre la croix de la Légion d’honneur en 1969.

Claude Mossé, auteur du livre de son incroyable parcours, lui proposera en 1976 de revenir sur les lieux de l’accident d’Henri Guillaumet (tombé sous les balles italiennes en 1940) à la Laguna Diamante. Étreint par l’émotion, il retrouvera quarante six ans après, le lieu exact. Ses souvenirs étaient intacts. Il racontera comment Guillaumet s’était dans la tourmente posé au bord de cette lagune où il n’était jamais revenu.

Jean René Lefebvre dit le Gros, s’envolera pour toujours le … après avoir fait disait-il simplement le « boulot quotidien ».

(informations extraites en partie du livre de Claude Mossé – Mécano de Saint-Ex)

Ci-dessous vous trouverez deux archives vidéos d’entretien avec Jean-Réné Lefebvre ainsi qu’une archive audio de l’INA dans laquelle Jean-René Lefebvre raconte comment Guillaumet a été retrouvé après son accident dans la Cordillère des Andes en 1930.

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© Fondation Latécoère
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