Alexandre Collenot est né le 07 septembre 1902 à Saint Hilaire du Rosier (Isère). Sixième d’une famille de huit enfants, il vient habiter dans la ville de Chage. Alexandre est un élève modèle et passionné de mécanique et sera orienté vers l’école praJque de Pont de Beauvoisin d’où il sortira avec le premier prix d’ajusteur mécanicien. Il effectue son service militaire au 35ème régiment d’aviation à Bron et entre dans les usines Berliet après la guerre à Venissieux.

Une rencontre avec son ancien capitaine l’oriente vers les usines de Pierre Georges Latécoère où il est embauché le 16 novembre 1925 comme mécanicien navigant. En 1928, il est affecté à Buenos-Aires en Amérique du Sud où il devient le mécanicien de Jean Mermoz. Il partage pendant plusieurs années avec lui, les risques encourus dans la navigation aérienne. Ils explorent différentes liaisons aériennes, notamment vers l’Uruguay avec de régulières pannes qu’il arrive à réparer.

Le 19 novembre 1928, à bord d’un Latécoère 25 prototype, sur la base du Laté 17, ils ouvrent ensemble le premier courrier de la ligne postale au-dessus de la Cordillère des Andes de Mendoza à Santiago du Chili. Le 03 mars 1929, ils tentent une reconnaissance plus au Sud avec le Comte Henry de la Vaux, Président de la Fédération Aéronautique Internationale comme passager. Ils se posent au Chili après avoir rencontré de nombreux problèmes de carburation de l’avion, qu’Alexandre Collenot a pu réparer. Pour le retour le 09 mars suivant, ils optent pour la route du Nord, mais les sommets sont beaucoup plus hauts que le plafond de leur appareil et les obligent à d’incessantes prises de risques. Après le passage à plus de 6500 m d’altitude, le Laté 25 piloté par Jean Mermoz est plaqué au sol à 4200 m d’altitude en plein coeur de la Cordillère des Andes avec une telle violence que l’avion semble irréparable. Après trois jours et trois nuits d’efforts, par grand froid, Alexandre Collenot va réussir l’exploit de colmater les nombreuses fuites du circuit de refroidissement du moteur et avec des moyens de fortune, réparer le train d’atterrissage endommagé. Ils ont ensuite hissé l’avion au sommet d’un versant du plateau où ils ont été accidentés ; Mermoz a lancé l’avion sur la pente mais la piste étant trop courte, il avait au préalable repéré trois petites plateformes séparées de précipices. Décollage réussi en trois bonds successifs et le moteur de l’appareil coupant définiJvement, ils se posèrent en vol plané sur le terrain de Copiapo, d’où ils avaient décollé trois jours auparavant.

Après un séjour en France, il retourne en Amérique du Sud en 1932, et est nommé chef mécanicien à Victoria au Brésil. A la demande de Mermoz, il prépare la traversée retour vers la France du Couzinet « l’Arc en Ciel » sur lequel il effectue sa première traversée transatlantique le 15 mai 1933. Une fois encore, il fera œuvre de ses talents pour réparer les
pannes importantes liées à un des moteurs de l’avion et qui permettront à l’avion d’aterrir après 17h 10 de vol.

Il participera ensuite à tous les voyages du légendaire trimoteur sur l’atlantique Sud (sauf la première) jusqu’à sa huitième et dernière les 23 et 24 octobre 1934. A la fin de l’année 1935, il totalisait 2800 heures de vol et les nouveaux hydravions Latécoère 301 intégraient la ligne de l’Atlantique Sud.
Faisant partie de l’équipage de l’hydravion 301, « Ville de Buenos Aires » il disparaît en mer le 10 février 1936 entre Natal et Dakar, lors de sa dixième traversée avec les pilotes Jean Ponce, et André Parayre, le radiotélégraphiste Jean Lhotellier, le navigateur Frédéric Marret et un passager, le Directeur du Réseau Amérique du Sud pour Air-France Emile Barrière.

Sa modestie et son continuel bon esprit lui atiraient toutes les sympathies. Ses qualités professionnelles et la connaissance approfondie de son métier qu’il exerçait avec un véritable culte en ont fait un mécanicien navigant hors pair, à la mesure d’un pilote comme Mermoz.

« Lorsque sur le terrain on disait à un pilote que son avion avait été révisé par Collenot, l’aviateur enjambait sa carlingue avec un profond sentiment de sécurité » (J.G Fleury)
Il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur en juillet 1933.

MECANICIEN [1902-1936]

© Musée de l'Air